Interview de Mark Op de Beeck – Market Leader Triumph Motorcycles Benelux

Nous retrouvons Mark Op de Beeck sur le parking d’un concessionnaire Triumph d’Anvers. Savourant une cigarette, il s’intéresse visiblement aux motos et aux clients qui vont et viennent. Mark est un motard dans l’âme. Et, depuis octobre, en tant que Market Leader, il est responsable de toutes les activités de Triumph Motorcycles au Benelux. Le temps d’un café et gooo pour une petite discussion. 

Motojournal.be: Qui est Mark Op de Beeck?

Mark Op de Beeck: “Je me suis retrouvé dans le secteur de la moto par pur hasard. Le début de ma carrière s’est déroulé dans le secteur automobile et plus particulièrement dans le domaine du marketing. Puis je suis passé dans une agence de publicité. La créativité m’attire et je voulais apprendre les finesses du métier. J’avais de nombreux clients dans le secteur automobile et je pouvais faire mes propres réalisations. Après quelques années, j’ai vu une publicité de Harley Davidson dans laquelle ils recherchaient un directeur du marketing. Ma première réaction a été de me demander s’ils existaient encore ! (rires). Mais la curiosité a eu raison de moi et j’ai décidé de postuler. En fait, la procédure de sélection était presque terminée à ce moment-là, mais j’ai quand même réussi à m’intégrer et, avant même de m’en rendre compte, j’étais le nouveau directeur du marketing de Harley Davidson Benelux. La première chose qui m’a frappé est l’atmosphère détendue qui règne dans le monde de la moto. Pas de costumes, pas de foule… c’est assez simple. Et vous travaillez avec des gens passionnés”. 

MJ: Et après Harley…

Op de Beeck: “Après Harley, est arrivé D’Ieteren Sport et donc Yamaha. Il y avait une gamme de produits beaucoup plus large avec notamment des scooters et des quads. Ce furent 14 années intéressantes. Puis, malheureusement, D’Ieteren a décidé de tirer sa révérence. La raison exacte ne m’est toujours pas vraiment connue. L’été dernier, Triumph m’a contacté pour me demander de m’occuper des ventes dans le Benelux”.

MJ: Durant votre carrière chez Yamaha, comment avez-vous perçu la marque Triumph et qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce nouveau challenge ?

Op de Beeck: “Triumph est une marque légendaire, au même titre que Harley et Ducati, par exemple. C’est une marque ancienne qui a son propre caractère et une histoire riche. Ce qui m’a vraiment séduit dans mon travail, c’est que Triumph est détenu par une seule famille. Cela signifie que vous pouvez travailler en ligne directe. Et votre patron est vraiment le propriétaire de l’entreprise. De plus, Triumph n’est pas cotée en bourse, donc ce n’est pas seulement le prix de l’action qui compte, mais aussi la marque. C’était vraiment important pour moi”. 

MJ: Quelles sont vos premières conclusions ?

Op de Beeck: “Il est important que tout se passe de manière très ouverte et honnête. Mon patron direct est à Paris et le siège social est en Angleterre. La communication est très directe et fluide. C’est génial. En ce qui concerne le Benelux, il me semble que les concessionnaires sont particulièrement attachés à la marque. La plupart sont des concessionnaires depuis longtemps et sont très confiants quant à l’individualité et la qualité des produits Triumph. Cela est en soi inhérent à une marque avec une identité comme Triumph”.  

MJ: Avez-vous eu votre mot à dire dans la composition de votre équipe ?

Op de Beeck: “Non, l’équipe était là mais il s’est passé beaucoup de choses ces derniers temps. Au départ, l’équipe était composée de neuf personnes mais six d’entre elles sont parties. Nous avons donc recruté un certain nombre de nouvelles personnes, dont notre directeur du marketing, Dries De Weert. L’équilibre entre la Belgique et les Pays-Bas est parfaite maintenant”. 

MJ: Maintenant plus généralement. Quelles sont les ambitions spécifiques de la marque Triumph ? Triumph veut-elle devenir un très gros acteur (comme c’est le cas avec KTM) ou a-t-elle d’autres ambitions ? 

Op de Beeck: “Il est clair que Triumph a réussi à construire plus de motos ces dernières années. Certes, compte tenu du Covid, il est remarquable que plus de Triumph aient été vendues. Nous finirons probablement avec environ 70 000 unités cette année. C’est beaucoup, mais l’objectif final est d’atteindre 100 000 unités. Et cela se produira dans un laps de temps assez court. En fait, nous ne sommes entrés que récemment dans le segment des modèles plus légers avec la Trident 660 et, plus récemment, la Tiger Sport 660. La nouvelle Tiger 1200 sera lancée au début de l’année prochaine et elle est entièrement nouvelle. C’est également un modèle très important. Ensuite, bien sûr, notre évolution vers le cross et l’enduro est importante et nous allons développer de la croissance là aussi”. 

MJ: Qu’est-ce qui a poussé Triumph à entrer sur le marché des motos tout-terrain ? 

Op de Beeck: “Le cross et l’enduro sont des sports qui sont pratiqués par les jeunes. Sur les grands marchés comme l’Amérique et l’Australie, le cross et l’enduro sont un moyen idéal de lier les jeunes à votre marque. Nous prenons ce projet très au sérieux et nous construirons des produits très solides pour atteindre cet objectif. Combiné à un nom de marque légendaire, cela pourrait être une grande chose”. 

MJ: Nous savons pour l’instant qu’il s’agira de modèles avec des moteurs à combustion thermique. Y aura-t-il aussi quelque chose d’électrique ?

Op de Beeck: “Pas au début. Mais vous savez que Triumph est très avancé dans le développement des motos électriques. Et cela aura forcément un impact sur la gamme cross et enduro à l’avenir”. 

MJ: En effet, en 2019, vous avez présenté la TE1, le projet électrique de Triumph. D’après votre site web, le développement d’un nouveau modèle prend environ 3 ans. Pouvons-nous attendre la première Triumph électrique en 2022 ?

Op de Beeck: (rires) “Je ne peux pas dire grand-chose mais c’est probablement un peu trop tôt. L’année prochaine, nous nous concentrerons d’abord sur le projet tout-terrain. Nous voulons que chaque nouveau produit soit parfait avant de le lancer”. 

MJ: Maintenant, quelque chose de complètement différent. Triumph fournit les moteurs pour le Moto 2 avec un grand succès. Le contrat a été récemment renouvelé. Pourquoi Triumph le fait-il ? Et qu’est-ce que ça rapporte à une marque qui s’implique plutôt modestement en compétition ? 

Op de Beeck: “Triumph, bien sûr, a un héritage de la compétition très riche. Mais notre partenariat avec le Moto2 rehausse encore un peu plus le profil de la marque, en démontrant la robustesse, les performances et la grande fiabilité de nos produits dans les conditions les plus difficiles. Mais l’attrait pour un public plus jeune joue certainement un rôle ici aussi”. 

MJ: S’agit-il d’une étape préparatoire au MotoGP ? 

Op de Beeck: “Je n’ai aucune information à ce sujet pour le moment”. 

MJ: Retour à la réalité maintenant. Le monde et certainement le Royaume-Uni croulent sous les problèmes logistiques causés par le Brexit et le Covid. J’imagine que Triumph en fait également les frais ? 

Op de Beeck: “Au début de l’année 2021, nous avons connu quelques problèmes. Il s’agissait principalement de problèmes douaniers qui affectaient nos livraisons quotidiennes de pièces en Europe. Nous avons la situation bien en main maintenant. Les motos elles-mêmes proviennent également toutes de notre entrepôt central en Angleterre. Nous travaillons pour cela avec des sociétés de transport régulières et cela fonctionne bien”. 

MJ: Le transfert de la production de la plupart des motos en Thaïlande était-il une préparation au Brexit ? Ou bien suivez-vous simplement la tendance d’autres fabricants qui effectuent le développement dans le “pays d’origine” et réalisent ensuite la production dans d’autres pays ?

Op de Beeck: “Oui, mais l’important est que l’usine en Thaïlande est 100% Triumph. Nous gardons donc le savoir-faire en interne et nous avons un contrôle total sur la qualité. Il faut également savoir que ce projet a été lancé il y a longtemps par John Bloor, père de l’actuel PDG Nick Bloor. À l’époque, il n’était pas question de Brexit en tant que tel. Il s’agissait alors d’une considération purement économique. À plus long terme, cela renforcera également la présence de Triumph sur les marchés asiatiques avec davantage de modèles développés spécifiquement pour ces marchés”. 

MJ: La décision de produire des motos en Thaïlande n’est pas bien accueillie par les amateurs de la marque. Le terme “Thaimph” est apparu et reste difficile pour certains des clients. Quelle est votre réponse ?

Op de Beeck: “La réponse est simple. Je veux un téléphone américain et il est fabriqué en Chine. Très peu de produits proviennent du pays où se trouve la marque. Aujourd’hui, construire un projet industriel sans penser géographiquement n’est tout simplement pas possible. Mais les produits Triumph sont entièrement développés en Angleterre et la production est entièrement entre nos mains. Il s’agit donc bien de produits britanniques construits selon les normes de qualité les plus élevées”.

MJ: Enfin, retour sur le marché belge. Triumph a connu une croissance de 17,29 % au cours des dix premiers mois de cette année et se classe au septième rang des marques. Quand Mark Op de Beeck sera-t-il satisfait ?

Op de Beeck: “Je suis déjà très satisfait des chiffres. Comme nous l’avons mentionné précédemment, nous nous sommes développés en dépit du Covid et c’est déjà une brillante réussite en soi. Les concessionnaires ont vraiment travaillé brillamment. À plus long terme, une place dans le top 5 est certainement notre ambition”.

MJ: Dernière question et probablement la plus difficile : quelle est votre Triumph préférée ? 

Op de Beeck: (rires) “Ce n’est pas difficile du tout. Le Scrambler 1200 XE est ma préféré. C’est une moto excitante à bien des égards”.

MJ: Ok, merci pour l’interview. Voulez-vous prendre place maintenant sur une XE ? Notre photographe est prêt !

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